Exposition "Arpenter le geste" - Damien Gete / David Roncada


Mon travail est toujours en déploiement. C’est un processus. Je défends l’idée selon laquelle faire de l’art est une action continue. La recherche en art s’élabore et germe à la manière d’un processus naturel. Une forme peut en produire une autre, un geste peut succéder un autre. Au fil de la pratique, un ensemble se génère et s’équilibre. Certaines sculptures sont détruites, réduites en poudre
ou servent de matrices à de nouvelles expériences. Ainsi de suite, l’oeuvre se déploie et finit par germer comme un jardin que l’on cultive. L’ensemble devient un écosystème de formes où s’opère une « sélection naturelle ».
Damien GETE
Ma démarche artistique s’entrelace avec une pratique psycho-corporelle depuis de nombreuses années déjà. J’ai pratiqué le kung-fu (ceinture noire) puis le Tai-Chi et aujourd’hui le yoga accompagné de la méditation.
Pour me situer aujourd’hui, je choisis de citer Fabrice Midal, Docteur en philosophie et maitre en méditation. Ses ouvrages sur l’art correspondent et
entrent pleinement en résonance avec mon approche. A savoir, une quête de sens, d’orientation de ma vie, qui se construit pas à pas en parallèle à
mes productions artistiques. Celles-ci sont des traces des modifications de
conscience que j’expérimente.
Mon travail, essentiellement abstrait cherche à aller dans les plus profondes
méandres de l’esprit. Mes productions deviennent ainsi de pures manifestations
de mon expérience. Ainsi, les formes créées incarnent les mouvements des
mes sentiments et émotions. Les formes abstraites qui sont données à voir
ne sont pas, par contre, des formes allégoriques de concept abstraits. J’essaie
de reproduire un certain état d’esprit, une certaine expérience. Comme en
musique, ces formes abstraites ne peuvent être définies de manières exclusives.
L’Art élève ainsi la forme visible à la valeur d’un symbole en exprimant une
expérience directe de la vie.
Se concentrer sur le noir et le blanc, et les gris qui foisonnent entre, est une
manière d’appréhender un patient travail de construction/dé-construction
entre les degrés de chaos et d’ordre que représente l’informe et ses multiples
déclinaisons. Les principes spirituels (au sens étymologique : souffle) à l’origine
de ses créations, sont ainsi donnés à voir dans le cheminement quotidien d’un
ressenti représenté. Tâches, éclaboussures, coulures, viennent contredirent
le graphisme précis et patiemment élaboré et en même temps en dévoilent
un autre point de vue de l’esprit. Car que ce soit dans un temps étiré dans
la longueur ou un instant jeté à la face de la feuille qui s’offre, les principes
restent les mêmes : à savoir une transformation perpétuelle de la forme. Celleci,
provisoirement figée par les gestes appliqués ou désinvoltes, n’en demeure
pas moins la trace d’un état d’esprit.
David RONCADA